Prix GRASI 2019 : une étudiante de l'ISSIG récompensée pour son TFE

Prix GRASI 2019

ISSIG     ven. 25 octobre 2019

Nadège De Ryck, étudiante en bachelier infirmier responsable de soins généraux à l’ISSIG, a reçu le prix GRASI 2019 de la Commission recherche de l’Association belge des praticiens de l’art infirmier (acn) pour son travail de fin d'étude (TFE) intitulé "Le rôle de l'infirmière vers la déprescription des benzodiazépines chez la personne âgée en maison de repos".

Le jury a souligné l'originalité du thème choisi, la qualité du cadre méthodologique avec la sélection et l'analyse des articles, ainsi que la mise en évidence de la responsabilité de l’infirmière dans la déprescription des benzodiazépines chez la personne âgée.

Bravo à Nadège De Ryck pour son travail.

 

 

 

 

LE ROLE DE L’INFIRMIERE VERS LA DEPRESCRIPTION DES BENZODIAZEPINES CHEZ LA PERSONNE AGEE EN MAISON DE REPOS

L’impact des prescriptions médicales inappropriées chez les personnes âgées est l’objet de nombreuses recherches. C’est un problème politique, économique et social.

En maison de repos, les personnes âgées souffrent souvent de polypathologies, ce qui entraîne une polymédication. Certains médicaments, s’ils ne sont pas bien suivis, peuvent être prescrits de façon chronique malgré un risque élevé d’effets secondaires et de dépendances sur une prise de longue durée. C’est le cas des benzodiazépines.

Ces dernières années, plusieurs études scientifiques ont mis en garde contre l’utilisation chronique de benzodiazépines, spécialement chez les personnes âgées où leur prévalence est très élevée. Leurs effets secondaires les plus importants sont une dépendance à la substance, l’augmentation des risques de chute, des troubles de la cognition et la somnolence. Ces effets secondaires entrainent une diminution importante de la qualité de vie.

Dans ce contexte, un concept assez récent ouvre une voie prometteuse : la déprescription. Ce processus propose un cadre clair pour l’arrêt sécuritaire d’un médicament devenu inopérant ou néfaste, en vue d’une meilleure qualité de vie. La déprescription s’inscrit dans la durée et nécessite une surveillance et un suivi importants.

Qu’en est-il du rôle de l’infirmière dans ce processus ? Sept articles ont été sélectionnés et analysés, ciblant l’arrêt des benzodiazépines chez les personnes âgées en maison de repos. L’analyse de ces articles met en lumière les facettes importantes de la déprescription : son impact, son efficacité, les éléments facilitateurs, les barrières à sa mise ne place, les outils qui l’accompagnent. À travers ces éléments se dessine la place que l’infirmière peut prendre dans la déprescription.

Quatre axes orientent la réflexion :

Les concertations pluridisciplinaires : l’importance de prendre des décisions complexes en équipe pour une déprescription sécuritaire. Par sa position au chevet des résidents, l’infirmière transmet des informations qui permettent de considérer la situation de façon globale ; elle peut être le pivot (advocacy) entre le résident, le médecin et le pharmacien ; elle peut initier le processus de déprescription.

L’éducation du résident et l’empowerment : un travail étroit avec la personne âgée pour la responsabiliser offre une meilleure prise en charge et de meilleurs résultats. L’implication de la personne âgée est la première étape pour une déprescription réussie ; elle permet également de dépasser les barrières qui empêchent l’arrêt, telles que le manque de motivation, l’âgisme, les préjugés. L’infirmière accompagne la personne dans ce processus en jouant u rôle d’écoute, d’éducation et d’encouragement face aux craintes et aux questionnements.

La pharmacovigilance et le suivi global du patient : un suivi rapproché et sécuritaire des traitements médicamenteux favorise l’identification des médicaments potentiellement inappropriés. Une prise en charge biopsychosociale soutenue par plusieurs outils et échelles (comme l’échelle START-STOP) offre à la personne âgée un cadre rassurant et aux soignants une vision globale qui permet d’inscrire la déprescription dans un processus cadré.

Une formation infirmière adaptée : les connaissances de l’infirmière renforcent son champ d’action, lui donnent une assise sérieuse pour consolider son rôle dans la déprescription et ont un impact direct sur les actions possibles. La prise en charge des personnes âgées est spécifique et demander une spécialisation. Grâce à une formation adaptée, les infirmières peuvent mettre en place des méthodes alternatives à l’utilisation des benzodiazépines. Elles renforcent leur rôle en ayant une utilisation ajustée des diagnostics infirmiers et des interventions concernant les troubles du sommeil et de l’anxiété.

L’infirmière est donc une personne-clé dans l’arrêt sécuritaire des benzodiazépines.

Grâce à l’implication infirmière et son leadership, certains changements peuvent trouver leur pont de départ pour favoriser la diminution des prescriptions potentiellement inappropriées et faciliter l’utilisation d’alternatives aux benzodiazépines. Par exemple : la mise à disposition d’informations sur la déprescription, l’accès aux formations spécifiques, un travail pluridisciplinaire avec des intervenants extérieurs ou encore une meilleure intégration des personnes âgées dans la vie quotidienne de la maison de repos pour qu’elles se sentent chez elles, augmentant ainsi leur qualité de vie.

Il est primordial pour la recherche scientifique et pour la profession infirmière de développer la recherche à propos de la déprescription. Si, à ce jour, la place de l’infirmière dans cette approche n’est pas encore assez étudiée, il est évident que la déprescription a déjà montré un impact positif sur la qualité de vie des personnes âgées. L’infirmière a tout à gagner à s’impliquer dans ce processus dont l’objectif est clair : le bien-être du patient.

Nadège DE RYCK